Renvois et références reliés aux textes mémoires de Florian Jutras

mercredi 22 avril 2009

0-4 Seigneurie et Townships



Seigneuries et townships de la région de Drummondville


La carte ci-incluse, je l’ai tracée vers 1965 pour illustrer la région de Drummondville. Soulignés en bleu sont les territoires concédés sous le régime français (avant 1760). Ce sont les seigneuries de Saint-Antoine de la Baie (ou Baie Saint-Antoine) , de Courval et de Nicolet, dont le titulaire était toujours un seigneur, qu’il soit noble ou non. Le fief est exactement la même chose que la seigneurie, sauf qu’il est plus petit.

Quant aux townships (francisés en « cantons ») ils ont commencé à être arpentés et divisés après 1760 selon la méthode britannique. Chaque township comprend un territoire de + ou – 100 milles carrés (12 milles x 9 milles) et a front sur une grande rivière. Les 6 townships qui forment traditionnellement la région de Drummond sont ceux de Grantham, Wickham et Durham sur la rive gauche de la Saint-François, ainsi que Wendover, Simpson et Kingsey sur la rive droite. Tous arpentés entre 1780 et 1810 environ, ils ont été concédés à des lords anglais et écossais pour être habités, un de ces jours, par des Britanniques, ce qui ne s’est pas produit,. À compter de 1815, ils ont été vendus plutôt à des Canadiens-français contre paiement, bien entendu.

Mode d’attribution des seigneuries

Une seigneurie est d’abord un territoire érigé, pendant le régime français (1608-17600 le long d’un cours d’eau important, surtout le fleuve Saint-Laurent. Sa façade est ordinairement de deux lieues françaises (8 km ou 5 milles) Le seigneur s’engage en la recevant à y construire une habitation et un moulin à farine (à eau ou à vent) et doit obligatoirement y concéder des lots au fur et à mesure des demandes. Quand la 1ère rangée de lots est toute concédée, il ouvre la 2e rangée, ensuite la 3e et ainsi de suite jusqu’à épuisement des demandes. À Baie Saint-Antoine, le seigneur Lefebvre a concédé d’abord toute la portion de terre qui longe le fleuve, ensuite la 2e rangée, (La Grande plaine) et la 3e (Le Pays Brûlé). C’est beaucoup plus tard que des demandes sont survenues pour aller plus à l’intérieur des terres.

C’est différent pour la seigneurie de Nicolet. Les seigneurs de la famille Cressé, probablement plus dynamiques, ont concédé des lots jusqu’à l’actuel village de Ste-Perpétue et plus loin du fleuve encore (presque jusqu’à l’actuel N.-D. du Bon-Conseil) . Comme ils manquaient de terres, ce sont eux, les Cressé, qui ont travaillé pour ouvrir la seigneurie de Courval en arrière de celle de Baie Saint-Antoine. Mais le régime français se terminait à ce moment là.

Sous le régime anglais (1760 +)
Quand les Britanniques ont pris le pouvoir en 1760 ils ont laissé fonctionner les quelques 110 seigneuries telles qu’elles étaient déjà érigées sous le régime français. Mais pour les territoires non encore occupés, ils ont procédé comme suit : ils les ont d’abord arpentés, nommés et divisés selon la méthode anglaise des townships. Prenant appuis sur une grosse rivière, ils ont tracé une largeur de 9 milles (environ 15 km ) donnant front sur la rivière. Ensuite, perpendiculairement, une ligne droite de 12 milles (environ 20 km) ce qui a donné un nouveau territoire s’appuyant sur la seigneurie de Courval et de Nicolet, qui a été nommé Wendover, du nom d’une petite ville anglaise du nord-ouest de Londres. On a ensuite divisé le territoire en 12 rangs (ranges) d’un mille de long et en lots de 9 arpents de large.
Note : le petit X rouge indique le 3e lot du 5e rang de Wendover, l’endroit où j’ai grandi. En fin dans le 4e rang, toujours sur le 3e lot (du 4e rang), c’était la ferme de mon grand-père Joseph Prince et de son épouse , ma grand’mère Marie-Louise Massé dit Bouvillier. G. P.
À noter : le mot rang ne signifie pas chemin mais rangées de lots. Tous ces rangs ont été concédés sur papier à des dirigeants anglophones avant 1815 pour services rendus à l’empire britannique. exemples : le 3e rang de Wendover a été concédé à un M. Ramsay de Québec, le 4e rang au lord John Mc Ewen de Glasgow en Écosse, etc, sans que personne ne

vienne jamais ni les visiter, encore moins s’y établir. Le gouvernement les obligeait à les offrir seulement à


des anglophones (non catholiques) anglicans de préférence, mais aussi méthodistes, presbytériens et autres. Cela n’a pas fonctionné : les Anglais, Écossais et Allemands et leurs alliés n’avaient absolument pas le goût de traverser l’océan pour venir défricher une terre ici.

C’était très différent pour les francophones d’ici : à cause des familles nombreuses, les jeunes étaient très à l’étroit dans les seigneuries et réclamaient à cor et à cri des terres dans les townships.

C’est ainsi qu’il faut attendre à 1844 soit un demi-siècle après avoir reçu en cadeau sa terre que M. Ramsey a consenti à céder le 2e lot du 3e rang de Wendover (indiqué par un point rouge) à un francophone, Charles Gariépy, originaire de Saint-Denis sur-Richelieu, âgé de 42 ans et père de 12 enfants. Ont suivi, sur les lots voisins, Cyrille Brassard et Marie Jutras, Louis Jutras et Amélie Grondin (mes arrières grands-parents) en 1846 etc. En 1870 presque tous les lots de Wendover (environ 300) avaient été concédés, tous à des francophones.

Gérald Prince. Avril 2009

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